samedi 20 février 2010

Ambon, capitale des Moluques

Cela fait deux jours que nous sommes ici, pendant lesquels nous avons chercher “opiniatrement” (c.f. l'etat de nos pieds :-) un moyen pour arriver jusqu’aux Banda islands, paradis perdu.

De Les Moluques

Pas de ferry (jusqu’au 8 mars, trop tard pour nous) et pas d’avion (la compagnie a stoppe momentanement les vols)...

A force de poser des questions, et d’essayer de comprendre les reponses (en bahasa), on devine qu’il y a peut-etre une solution... On tente alors de trouver un bateau au nom de Gravilla, qui ferait la traversee mais qui aurait du arriver depuis hier.

Ce matin, en allant au port dans l’espoir de le trouver, en vain, nous apprenons qu’il y a peut etre une autre possibillite…le HARAPAN MUJUR 5, modeste bateau (pirate ?) qui partirait ce soir meme. (que de conditionnels !)

Nous hesitons, mais peut-etre est-ce un signe ? Harapan... Borneo, notre bonne etoile, nous guide !

Nous rencontrons le capitaine, qui nous dit de repasser pour savoir si l’on peut monter a bord a 17h. (On pense qu’il attend de voir s’il peut charger son bateau avec de la marchandise ou d’autres passagers.)

En ce moment meme, Yannick est reparti au port pour connaitre le verdict.


Mise a jour : Yannick est revenu avec 2 billets, c’est parti ! Attention, dans ce coin tres isole, il y a peu de chance d’avoir internet. Aussi faudra-t-il certainement attendre notre retour sur Bali, le 11 mars, pour avoir des nouvelles fraiches.

mercredi 17 février 2010

Tanjung Puting National Park


Episode 1 - vers l'inconnu

Suite a un coup de fil donne la veille a Basuki (manager de l'equipe FNPF, alors en deplacement a Sumatra) nous n'avons pour seules informations, pour cause de mauvaise liaison telephonique, que les indications suivantes : "KUMAI, au Market, a 12h, rdv avec Tuyan membre du staff FNPF".

Sur place, la pression monte, ou se trouve exactement le lieu du rdv ? (le market etant trop vague : mini-markets , marches couverts ?) ... l'heure tourne.
Nous sillonons la rue principale avec nos gros sacs a dos sous la pluie. Rien. Pas un chat !

De Borneo 2010


A 13h, nous appelons Basuki, en vain.
Heureusement, la veille, suite a une visite chez YAYORIN, nous avions le contact d'un ancien membre du staff FNPF (Kasri) desormais guide prive. Nous l'appelons. Par chance il n'est pas loin, parle anglais, et arrive en 5 minutes.
Grace a lui, nous rejoignons Tuyan et Iyan qui nous attendaient sous un petit porche quelconque. Apres une breve presentation, Kasri nous laisse avec nos deux comperes, quelque peu reserves limite tenebreux, qui ne parlent pas un mot d'anglais.
Nous embarquons a 4 (+ nos sacs) dans un minuscule hors board. Sans un mot, nous nous engouffrons sur la riviere Sekonyer, vers le Tanjung Puting National Park (TPNP)...


Apres 20 min de bateau, et l'achat des billets d'entree au "Pos", nous accostons sur le petit ponton du Tanjung Harapan village. Iyan nous indique de le suivre, et nous mene jusqu'a notre "chambre", chez lui.
Apres un long silence, ponctue de quelques sourires, nous proposons une partie de dominos pour detendre l'atmosphere.
Nous nous rendons compte de notre situation :
On ne sait pas ce que l'on va faire avec l'equipe, comment est-on pris en charge ? (on etait suppose loger en geusthouse, donc doit-on faire des courses pour nos repas ?), jusqu'a comment se laver...(eh oui, pas d'eau courante, ni electricite, ni salle d'eau !) et aussi l'utilisation des toilettes - Mais comment font-ils ici ? (fous rires ! little bit nerveux)
et, surtout, impossible d'en savoir plus, puisque personne ne parle anglais...
... et c'est parti pour 12 jours !

Episode 2 - l'integration

Le lendemain, tres tot et en 4eme vitesse, Yadi, le seul bredouillant quelques mots d'anglais, nous indique de prendre quelques affaires pour rejoindre le camp ou nous dormirons.
1 heure de marche : notre premier contact avec la foret et l'equipe, toutes deux bien mysterieuses...

Arrives au camp a Beguruh... il ne se passe rien ! On pensait travailler avec l'equipe, mais Yadi nous emmene faire une courte promenade.
Le lendemain, nous assistons a une action d'education a l'environnement (reforestation) menee par toute l'equipe, aupres d'une 30aine d'enfants du village. L'ambiance est joviale, mais nous n'avons toujours pas travaille, le mystere continue...


...jusqu'au lendemain matin, enfin, ou nous aidons le staff a defricher des zones a reforester. C'est a partir de la que nous commencons vraiment a prendre place dans les activites de l'equipe (defrichage, entretien du camp, selection et transport des jeunes plans d'arbres).


Ces journees a Beguruh, en lisiere de foret, nous permettent d'approcher cette nature si riche : leves au son des cris de gibons, couches avec celui des orangs-outangs, rencontres avec des calaos, nasiques, cobra, tarentule, et oa-oa...


Il nous faudra attendre un retour au village pour une superbe rencontre avec un orang-outang (trad. homme-de-la-foret) sauvage. Magique.

Episode 3 - l'arrivee du Boss

Apres cette premiere semaine, nous nous sentons a l'aise avec le staff et les gens du village.
Puis, c'est l'arrivee de Basuki. Un javanais devenu, en 7 ans, le "Massoud" de Tanjung Harapan!
Jeune, cultive, humble et humaniste, la communaute locale lui a vite reserve une place importante (conseil, mediation).
A partir de maintenant, nous pouvons parler en anglais, et profiter d'une traduction en bahasa, c'est appreciable.


Le soir meme, nous passons la nuit au 'pos' ou, la veille, un des gardes a vu une panthere mouchetee (clouded leopard) emporter une poule devant lui. Basuki souhaite observer les traces laissees par le felin car il n'y a pas eu d'attaque proche des hommes depuis 3 ans : a l'epoque, un orang-outang en cage (en attente d'etre relache en foret) avait ete blesse par une panthere... qui pourrait etre le meme individu.

Episode 4 - les menaces

Basuki souhaite nous montrer l'envers du decor avant de nous ramener dans les camps.

Il faut savoir que la grande foret equatoriale de Borneo est aujourd'hui un mythe plus qu'une realite : 80 % du territoire a ete deforeste principalement pour de l'agriculture intensive (palmiers a huile) et la recherche d'or (avec pollution au mercure qui, ici, se deverse dans la riviere Sekonyer, la ou pechent et se lavent les habitants du village).

"L’Indonésie est entrée cette année dans le livre des records, avec le titre peu enviable de championne du monde de la déforestation. Ici on coupe, ou brûle l’équivalent de 300 terrains de football de forêt par heure, et la quasi totalité de ces forêts pourrait avoir disparue d’ici 20 ans si cela continue à ce rythme." France Info, 01/11/07

-  Plantations de palmiers a huile et mines d'or


Nous voila donc a moto avec une partie du staff, a travers une vaste etendue de palmiers a huile, le spectacle est absolument desolant. On lit la fureur de Basuki sur son visage, de quoi rester motiver a continuer la resistance (la compagnie des plantations, appuyee par la police, a deja tente de l'intimider).

Heureusement, nous poursuivons notre ride a moto/scooter en direction des terrains et baraquements nouvellement achetes par les gars du staff et les villageois pour tenter de freiner l'avancee des plantations (zone tampon).
Nous dejeunons au headquarter du FNPF, implante sur l'un de ces terrains. Ces "oasis" (hors parc national), a la limite des plantations de palmes et des mines d'or a ciel ouvert, sont la fierte des habitants de Tanjung Harapan : ils y ont replante la Vie et l'Espoir (arbres fruities, maraichages, ...).

- la "orang-outang conservation marketing"

Le circuit touristique classique du TPNP s'effectue en 3 jours maximum sur des klotoks (bateaux amenages) avec, pour seule partie terrestre, les visites de Camp Leakey et Pondok Tanguy pour assister au nourrissage (feeding) des orangs-outangs.
Basuki nous convainc d'aller visiter les lieux afin de se faire notre propre idee sur les methodes de conservation utilisees par les ONG implantees au TPNP.
Sur place, nous avons la desagreable impression d'etre dans un zoo : a heure fixe, un membre de OFI (ONG americaine) place de la nourriture - fruits et lait - sur une estrade devant laquelle les touristes et leurs guides attendent l'arrivee des orang-outangs (il faut savoir que le lait est une denree d'exception pour les enfants du village). C'est a se demander si la conservation d'un espece passe par son conditionnement. L'homme ne manque-t-il pas la encore d'humilite ? La solution la plus pragmatique n'est-elle pas celle de replanter des arbres et laisser ainsi le cycle de la vie se perpetuer : les orang-outangs mangeant les fruits dans les arbres et les enfants buvant du lait...

C'est pour nous une satisfaction que de participer a l'action de FNPF puisqu'elle s'attache a faire conserver la foret (l'habitat) par les hommes qui y vivent. Une vision qui nous correspond.

Episode 5 - Selamat tinggal (au revoir)

A la veille de notre depart de Tanjung Puting, nous ressentons combien nous sommes chanceux de vivre cette experience. Malgre la barriere de la langue, nous avons noue des liens forts. On reste admiratif devant cette petite communaute solidaire et determinee, fiere de son autonomie.
Peut-etre que, bientot, nous vous y emmenerons...


Anecdote
A l'unanimite, Yannick a ete rebaptise Yassin... le chech bleu marocain y est peut-etre pour quelque chose ;-)

Quant a Karen, selon Basuki, elle est desormais une vraie forester suite a un malancontreux bapteme du paran (sabre local) le dernier jour.

mercredi 3 février 2010

En route vers Tanjung Puting National Park

On est arrive sains et saufs* sur Borneo (Kalimantan) a Benjarmassin le 30 janvier. Nous foncons dans un cyber-cafe car nous attendons une reponse importante. En effet, depuis Bali, nous avions contacte plusieurs organisations de conservation de la nature pour etre benevoles au sein d'un Parc sur Borneo. Belle surprise : la fondation des amis des parcs nous repond qu'il est possible de participer a un travail de reforestation au Tanjung Puting National Park. De retour a l'hotel (raccompagnes, en voiture, par un adorable papa et sa nombreuse famille), nous fetons la news avec un repas... frugal (il n'y avait que des bouis-bouis suspects aux alentours) !

De Borneo 2010


Le lendemain, apres un petit passage difficile a la gare routiere (accostages pesants), nous filons vers notre premiere etape, Palangka Raya (5h de taxi-brousse). Sur la route, c'est la desolation totale, des miliers d'hectares de foret ont ete brules pour laisser place a de la monoculture industrielle (principalement de la palmeraie) ou a des friches. On se dit : "c'est de la folie, voila a quoi ressemble l'un de nos poumons sur terre".


Ajoutons qu'en plus, nous n'avons vu aucun animal, la vie semble avoir fuit. Vous lisez bien : aucun oiseau sur 500km dans ce qui est sense etre l'un des plus hauts lieu de biodiversite de notre planete !

Le jour d'apres (sic!), c'est la deuxieme etape vers le Parc, de Palangka Raya vers Pangkalan Bun : 10h de taxi-brousse. Epuisant!



Apres un sommeil a demi reparateur (trois mosquees en meme temps a 5h du mat'), on se fait accoster dans la rue par un enseignant javanais, professeur d'anglais dans un des colleges de la ville. Il souhaite que nous intervenions pour une seance de conversation avec ses eleves. Surpris, nous l'avertissons de notre poor english mais il insiste.
Nous voila donc en train de tchatcher avec des eleves (2 groupes : l'un avec Karen, l'autre avec Yannick) avides de connaitre ou se trouve La Reunion, quelles musiques nous ecoutons, quel est notre plat prefere et, curiosite d'adolescentes... comment nous nous sommes rencontres (so funny) !


 


Nous sommes a la veille de la troisieme etape qui nous amenera a Kumai, aux portes du Tanjung Puting National Park. Nous comptons y rester une 12aine de jours, il y a donc de fortes chances pour que ce blog soit muet les jours prochains ! Nar'trouv'!

Anecdote
*Sains et saufs : A l'aeroport de Surabaya (escale a Java entre Bali et Borneo), juste apres l'aterrissage, Yannick, en voyant un vieil avion, s'esclaffe : "'faut etre fou pour voler dans un coucou pareil !"
Puis nous debarquons, passons les formalites et embarquons pour le vol sur Borneo. En vol, un enorme trou d'air glace l'ensemble des passagers (nous compris) : succedent aux cris un silence pesant. On entend des murmures de prieres et entre les passagers, on s'echange des regards complices : on se sent lies.
Au sol, surprise : nous avons vole sur le coucou apercu a Surabaya ! (a l'embarquement, le sas d'acces ne nous avait pas permis de distinguer l'appareil)