mercredi 31 mars 2010

"Le traineau a chiens, c'est du sport !"

De Quebec 2010

De retour dans l'hemisphere nord, nous voila rendus a Montreal, chez Boris, le frere de Yannick.
Par chance l'hiver canadien nous fait bon accueil, les temperatures sont exceptionnellement douces (c'est l'hiver le plus doux jamais enregistre au Quebec). Revers de la medaille : notre expedition en traineau a chiens peut etre compromise, la neige se fait rare. Le planning est en tout cas modifie, il nous faut nous rendre a Chien et gites du grand Nord au plus tot car nous ne feront pas de journee d'initiation pour partir directement en expedition.

Un jour apres notre arrivee a Montreal, nous disons au-revoir a Boris - qui, helas, s'est casse le poignet et ne nous accompagnera finalement pas dans cette aventure - et prenons le bus pour Chicoutimi. L'accueil est tres chaleureux et le gite douillet. Des notre arrivee, nous nous rendons au chenil saluer nos futurs compagnons parmis les 90 chiens excites par notre venue : impressionnant !


Des le lendemain, briefing avec Karl et Antoine - nos guides - qui d'emblee nous annoncent : "Le traineau a chiens, c'est du sport" ... suivi de : "le frein, c'est votre meilleur ami". Deux phrases qui, souvent, nous reviendrons en tete pendant les 6 prochains jours.

Le depart est fulgurant, la meute excitee hurle : seuls 24 chiens partent avec nous (composition des attelages : Karl - 8 chiens, Antoine - 7, Karen - 4, Yannick - 5, poids des traineaux : plus de 130 kg, particulierement lourd car nous partons en autonomie complete).

Jour 1, tout de suite dans le bain : ciel bleu - montees et descentes en foret - notre premier bivouac sous tente (-18°c) pres d'un barrage de castors sur lac ; distance parcourue : 15 km

Jour 2, c'est encore mieux : ciel bleu - sentiers en foret et piste - bivouac sous tente au Lac des Cedres. Nous decidons de rallonger notre periple d'un jour, initialement fixe a 5 ; distance parcourue : 25 km

Jour 3, l'arrivee du froid : on arrive plus tot que prevu au lac des huits chutes (the mythical one's) :-) - on traverse le lac avec un froid de canard, puis rencontre inopinee et invitation de Rene, unique habitant du coin en hiver, pour le lunch (Merci pour le the russe de St Peterbourg et la chaleur du poele) - reprise des traineaux puis "mega descente" jusqu'a la route...sans neige, traversee d'un ruisseau... Journee tres dure mais nous sommes fiers d'avoir reussi ce parcours technique. Arrivee feerique sous la neige, au bivouac sous tente aux abords du Lac Lamotte et diner dans la cuisine de glace (la classe !) ; distance parcourue : 40 km

Jour 4, Belzebuth est notre atre : nous nous reveillons sous 15 cm de neige, tout est blanc, c'est beau ! Ciel bleu en fin de journee - lac gele et poudreuse collante - nuit dans un tout petit refuge (shack) au poele a bois demoniaque ; distance parcourue : 15 km

Jour 5, gite douillet, on trinque : quelques nuages - on traverse le lac Lamotte, l'horizon est blanc ! - arrivee au lac Girard sous la neige, Antoine et Yannick creusent 40 cm de glace pour recuperer de l'eau. Nuit au refuge ; distance parcourue : 25 km

Jour 6, "ostie d'criss" : ciel bleu - lacs geles et sentiers en foret - a 3 km de l'arrivee du gite, claquage d'un muscle de la cuisse pour Karen, tabernac ! Distance parcourue : 15 km. Retour des chiens au chenil, massage pour nous.

Le lendemain, c'est l'heure des aurevoirs avec les chiens et l'equipe ; retour sur Montreal avec de belles images plein la tete. Nous avons particulierement apprecie la rencontre avec un staff qui a su nous faire partager sa passion, leur confiance en nous pour leur choix d'un parcours atypique, le travail d'equipe avec nos chiens*, et... les bons petits plats de Fabienne et Karl !



* Attelage de Karen : Arnataque, Jerry, Erine et Renard
Attelage de Yannick : Ullah, Junior, Bixy, Misty et Copain

jeudi 11 mars 2010

"Nou l'ariv par bato, dan la kal kom zanimo"

De Les Moluques

Baster nous a accompagne durant cette traversee agitee de 12h vers Bandaneira. Nous pensions voyager en equipage reduit, seulement voila, les habitants des Bandas eux aussi ont appris que ce bateau allait exceptionnellement chez eux. Comme nous, ils sautent sur l'occasion et c'est donc les cales pleines que ce navire quitte Ambon. L'arrivee dans les brumes le matin laisse apparaitre des bouts d'iles, un paysage plein de mysteres.
Nous nous dirigeons vers  la guesthouse Flamboyan pour deux raisons : le nom sonne familier et nous avons entendu dire que l'on y mangeait particulierement bien. Cela s'averera etre le bon choix, ce havre de paix sera notre "camp de base" pour les 3 semaines a venir.


Nous nous sentons un peu Kom la caze car en plus des flamboyants en fleur, nous nous trouvons en face d'un envoutant volcan, le Gunung Api ("montagne de feu", toujours actif : derniere eruption en 1988).


L'ascension du point culminant des Bandas, 658 m d'efforts (tout droit depuis le littoral jusqu'au sommet!), nous permet d'admirer l'ensemble des iles.


Le reste du temps, c'est a peine si nous enlevons nos palmes pour dormir : il y a de quoi s'amuser, les recifs sont superbes (so many fishes!) et si diversifies. Napoleons, pointes-noires, tortues, barracudas, carangues, serpent de mer, coraux et hydraires de tous genres, nous accompagnent quasiment a chaque apnee... le bonheur !


Les escapades terrestres nous font parcourir des forets-jardins (les Bandas etaient centrales dans la production d'epices qui firent la richesse de la Compagnie neerlandaise des Indes orientales) aux douces odeurs de muscade et a l'ombre des majestueux canary trees ou "Amandiers de Java".




PS : Hana et Mirek - nos 2 amis de Tchequie (Česko) - presentent leurs photos d'Indonesie... superbe !

samedi 20 février 2010

Ambon, capitale des Moluques

Cela fait deux jours que nous sommes ici, pendant lesquels nous avons chercher “opiniatrement” (c.f. l'etat de nos pieds :-) un moyen pour arriver jusqu’aux Banda islands, paradis perdu.

De Les Moluques

Pas de ferry (jusqu’au 8 mars, trop tard pour nous) et pas d’avion (la compagnie a stoppe momentanement les vols)...

A force de poser des questions, et d’essayer de comprendre les reponses (en bahasa), on devine qu’il y a peut-etre une solution... On tente alors de trouver un bateau au nom de Gravilla, qui ferait la traversee mais qui aurait du arriver depuis hier.

Ce matin, en allant au port dans l’espoir de le trouver, en vain, nous apprenons qu’il y a peut etre une autre possibillite…le HARAPAN MUJUR 5, modeste bateau (pirate ?) qui partirait ce soir meme. (que de conditionnels !)

Nous hesitons, mais peut-etre est-ce un signe ? Harapan... Borneo, notre bonne etoile, nous guide !

Nous rencontrons le capitaine, qui nous dit de repasser pour savoir si l’on peut monter a bord a 17h. (On pense qu’il attend de voir s’il peut charger son bateau avec de la marchandise ou d’autres passagers.)

En ce moment meme, Yannick est reparti au port pour connaitre le verdict.


Mise a jour : Yannick est revenu avec 2 billets, c’est parti ! Attention, dans ce coin tres isole, il y a peu de chance d’avoir internet. Aussi faudra-t-il certainement attendre notre retour sur Bali, le 11 mars, pour avoir des nouvelles fraiches.

mercredi 17 février 2010

Tanjung Puting National Park


Episode 1 - vers l'inconnu

Suite a un coup de fil donne la veille a Basuki (manager de l'equipe FNPF, alors en deplacement a Sumatra) nous n'avons pour seules informations, pour cause de mauvaise liaison telephonique, que les indications suivantes : "KUMAI, au Market, a 12h, rdv avec Tuyan membre du staff FNPF".

Sur place, la pression monte, ou se trouve exactement le lieu du rdv ? (le market etant trop vague : mini-markets , marches couverts ?) ... l'heure tourne.
Nous sillonons la rue principale avec nos gros sacs a dos sous la pluie. Rien. Pas un chat !

De Borneo 2010


A 13h, nous appelons Basuki, en vain.
Heureusement, la veille, suite a une visite chez YAYORIN, nous avions le contact d'un ancien membre du staff FNPF (Kasri) desormais guide prive. Nous l'appelons. Par chance il n'est pas loin, parle anglais, et arrive en 5 minutes.
Grace a lui, nous rejoignons Tuyan et Iyan qui nous attendaient sous un petit porche quelconque. Apres une breve presentation, Kasri nous laisse avec nos deux comperes, quelque peu reserves limite tenebreux, qui ne parlent pas un mot d'anglais.
Nous embarquons a 4 (+ nos sacs) dans un minuscule hors board. Sans un mot, nous nous engouffrons sur la riviere Sekonyer, vers le Tanjung Puting National Park (TPNP)...


Apres 20 min de bateau, et l'achat des billets d'entree au "Pos", nous accostons sur le petit ponton du Tanjung Harapan village. Iyan nous indique de le suivre, et nous mene jusqu'a notre "chambre", chez lui.
Apres un long silence, ponctue de quelques sourires, nous proposons une partie de dominos pour detendre l'atmosphere.
Nous nous rendons compte de notre situation :
On ne sait pas ce que l'on va faire avec l'equipe, comment est-on pris en charge ? (on etait suppose loger en geusthouse, donc doit-on faire des courses pour nos repas ?), jusqu'a comment se laver...(eh oui, pas d'eau courante, ni electricite, ni salle d'eau !) et aussi l'utilisation des toilettes - Mais comment font-ils ici ? (fous rires ! little bit nerveux)
et, surtout, impossible d'en savoir plus, puisque personne ne parle anglais...
... et c'est parti pour 12 jours !

Episode 2 - l'integration

Le lendemain, tres tot et en 4eme vitesse, Yadi, le seul bredouillant quelques mots d'anglais, nous indique de prendre quelques affaires pour rejoindre le camp ou nous dormirons.
1 heure de marche : notre premier contact avec la foret et l'equipe, toutes deux bien mysterieuses...

Arrives au camp a Beguruh... il ne se passe rien ! On pensait travailler avec l'equipe, mais Yadi nous emmene faire une courte promenade.
Le lendemain, nous assistons a une action d'education a l'environnement (reforestation) menee par toute l'equipe, aupres d'une 30aine d'enfants du village. L'ambiance est joviale, mais nous n'avons toujours pas travaille, le mystere continue...


...jusqu'au lendemain matin, enfin, ou nous aidons le staff a defricher des zones a reforester. C'est a partir de la que nous commencons vraiment a prendre place dans les activites de l'equipe (defrichage, entretien du camp, selection et transport des jeunes plans d'arbres).


Ces journees a Beguruh, en lisiere de foret, nous permettent d'approcher cette nature si riche : leves au son des cris de gibons, couches avec celui des orangs-outangs, rencontres avec des calaos, nasiques, cobra, tarentule, et oa-oa...


Il nous faudra attendre un retour au village pour une superbe rencontre avec un orang-outang (trad. homme-de-la-foret) sauvage. Magique.

Episode 3 - l'arrivee du Boss

Apres cette premiere semaine, nous nous sentons a l'aise avec le staff et les gens du village.
Puis, c'est l'arrivee de Basuki. Un javanais devenu, en 7 ans, le "Massoud" de Tanjung Harapan!
Jeune, cultive, humble et humaniste, la communaute locale lui a vite reserve une place importante (conseil, mediation).
A partir de maintenant, nous pouvons parler en anglais, et profiter d'une traduction en bahasa, c'est appreciable.


Le soir meme, nous passons la nuit au 'pos' ou, la veille, un des gardes a vu une panthere mouchetee (clouded leopard) emporter une poule devant lui. Basuki souhaite observer les traces laissees par le felin car il n'y a pas eu d'attaque proche des hommes depuis 3 ans : a l'epoque, un orang-outang en cage (en attente d'etre relache en foret) avait ete blesse par une panthere... qui pourrait etre le meme individu.

Episode 4 - les menaces

Basuki souhaite nous montrer l'envers du decor avant de nous ramener dans les camps.

Il faut savoir que la grande foret equatoriale de Borneo est aujourd'hui un mythe plus qu'une realite : 80 % du territoire a ete deforeste principalement pour de l'agriculture intensive (palmiers a huile) et la recherche d'or (avec pollution au mercure qui, ici, se deverse dans la riviere Sekonyer, la ou pechent et se lavent les habitants du village).

"L’Indonésie est entrée cette année dans le livre des records, avec le titre peu enviable de championne du monde de la déforestation. Ici on coupe, ou brûle l’équivalent de 300 terrains de football de forêt par heure, et la quasi totalité de ces forêts pourrait avoir disparue d’ici 20 ans si cela continue à ce rythme." France Info, 01/11/07

-  Plantations de palmiers a huile et mines d'or


Nous voila donc a moto avec une partie du staff, a travers une vaste etendue de palmiers a huile, le spectacle est absolument desolant. On lit la fureur de Basuki sur son visage, de quoi rester motiver a continuer la resistance (la compagnie des plantations, appuyee par la police, a deja tente de l'intimider).

Heureusement, nous poursuivons notre ride a moto/scooter en direction des terrains et baraquements nouvellement achetes par les gars du staff et les villageois pour tenter de freiner l'avancee des plantations (zone tampon).
Nous dejeunons au headquarter du FNPF, implante sur l'un de ces terrains. Ces "oasis" (hors parc national), a la limite des plantations de palmes et des mines d'or a ciel ouvert, sont la fierte des habitants de Tanjung Harapan : ils y ont replante la Vie et l'Espoir (arbres fruities, maraichages, ...).

- la "orang-outang conservation marketing"

Le circuit touristique classique du TPNP s'effectue en 3 jours maximum sur des klotoks (bateaux amenages) avec, pour seule partie terrestre, les visites de Camp Leakey et Pondok Tanguy pour assister au nourrissage (feeding) des orangs-outangs.
Basuki nous convainc d'aller visiter les lieux afin de se faire notre propre idee sur les methodes de conservation utilisees par les ONG implantees au TPNP.
Sur place, nous avons la desagreable impression d'etre dans un zoo : a heure fixe, un membre de OFI (ONG americaine) place de la nourriture - fruits et lait - sur une estrade devant laquelle les touristes et leurs guides attendent l'arrivee des orang-outangs (il faut savoir que le lait est une denree d'exception pour les enfants du village). C'est a se demander si la conservation d'un espece passe par son conditionnement. L'homme ne manque-t-il pas la encore d'humilite ? La solution la plus pragmatique n'est-elle pas celle de replanter des arbres et laisser ainsi le cycle de la vie se perpetuer : les orang-outangs mangeant les fruits dans les arbres et les enfants buvant du lait...

C'est pour nous une satisfaction que de participer a l'action de FNPF puisqu'elle s'attache a faire conserver la foret (l'habitat) par les hommes qui y vivent. Une vision qui nous correspond.

Episode 5 - Selamat tinggal (au revoir)

A la veille de notre depart de Tanjung Puting, nous ressentons combien nous sommes chanceux de vivre cette experience. Malgre la barriere de la langue, nous avons noue des liens forts. On reste admiratif devant cette petite communaute solidaire et determinee, fiere de son autonomie.
Peut-etre que, bientot, nous vous y emmenerons...


Anecdote
A l'unanimite, Yannick a ete rebaptise Yassin... le chech bleu marocain y est peut-etre pour quelque chose ;-)

Quant a Karen, selon Basuki, elle est desormais une vraie forester suite a un malancontreux bapteme du paran (sabre local) le dernier jour.